La résection transurétrale de la prostate (RTUP) est une intervention chirurgicale courante pour traiter les problèmes urinaires liés à l’hyperplasie bénigne de la prostate. Si vous ou l’un de vos proches devez subir cette opération, il est normal de vous interroger sur son déroulement, ses risques et la période de récupération. Cet article vous offre un panorama complet de cette procédure, depuis la préparation jusqu’au rétablissement, afin que vous puissiez aborder cette intervention en toute sérénité.
Qu’est-ce que la RTUP (résection transurétrale de la prostate)

La résection transurétrale de la prostate, communément appelée RTUP, est une intervention chirurgicale mini-invasive qui consiste à retirer la partie centrale de la prostate qui obstrue le passage de l’urine. Contrairement à d’autres types de chirurgies prostatiques, la RTUP s’effectue par les voies naturelles, sans nécessiter d’incision externe sur l’abdomen ou le périnée.
Cette technique est principalement utilisée pour traiter l’hyperplasie bénigne de la prostate (HBP), une augmentation non cancéreuse du volume de la glande prostatique qui survient fréquemment avec l’âge. Lorsque la prostate grossit, elle peut comprimer l’urètre et perturber le flux urinaire, entraînant divers symptômes gênants.
La RTUP représente l’une des interventions urologiques les plus fréquentes chez les hommes de plus de 50 ans. Environ 25% des hommes nécessiteront un traitement pour des symptômes d’HBP avant l’âge de 80 ans, et la RTUP reste la référence à laquelle toutes les autres techniques chirurgicales sont comparées en termes d’efficacité.
Comment se déroule une intervention RTUP

Une intervention de résection transurétrale de la prostate suit un protocole bien établi, généralement réalisé sous anesthésie générale ou rachidienne (péridurale). Voici les principales étapes de cette procédure chirurgicale :
- Préparation et anesthésie : Le patient est placé en position gynécologique après l’anesthésie.
- Introduction de l’endoscope : Le chirurgien introduit dans l’urètre un instrument appelé résectoscope, qui combine un système optique et une boucle électrique.
- Résection des tissus : La boucle électrique est utilisée pour découper et coaguler simultanément les tissus prostatiques excédentaires qui obstruent le canal urinaire.
- Irrigation continue : Pendant toute l’intervention, un liquide de rinçage circule pour évacuer les fragments de tissu et assurer une bonne visibilité.
- Hémostase : Le chirurgien effectue une coagulation soigneuse des vaisseaux sanguins pour limiter les saignements.
- Pose d’une sonde vésicale : En fin d’intervention, une sonde à ballonnet est mise en place pour permettre un lavage continu et éviter la formation de caillots.
La durée moyenne d’une RTUP varie entre 45 et 90 minutes selon le volume prostatique à réséquer. Le matériel utilisé comprend un générateur électrique, un résecteur avec sa boucle coupante, une caméra endoscopique et un système d’irrigation à double courant.
| Matériel chirurgical | Fonction |
|---|---|
| Résectoscope | Visualisation et résection des tissus prostatiques |
| Boucle électrique | Découpe et coagulation des tissus |
| Système d’irrigation | Évacuation des fragments et maintien de la visibilité |
| Générateur électrique | Production du courant nécessaire à la résection |
Indications médicales pour une résection transurétrale de prostate
La RTUP n’est généralement pas proposée en première intention pour traiter les troubles urinaires liés à l’hyperplasie bénigne de la prostate. Elle intervient lorsque certaines conditions médicales précises sont réunies :
Symptômes urinaires sévères non contrôlés par traitement médicamenteux
Lorsque les médicaments comme les alpha-bloquants (tamsulosine, alfuzosine) ou les inhibiteurs de la 5-alpha-réductase (finastéride, dutastéride) ne parviennent pas à soulager efficacement les symptômes après plusieurs mois d’essai, la RTUP devient une option thérapeutique à considérer.
Complications de l’hyperplasie bénigne de la prostate
- Rétention urinaire aiguë ou chronique : Impossibilité d’uriner spontanément nécessitant la pose d’une sonde vésicale
- Infections urinaires récidivantes : Dues à la stagnation de l’urine dans la vessie
- Hématurie récurrente : Présence de sang dans les urines provenant de la prostate hypertrophiée
- Calculs vésicaux : Formation de pierres dans la vessie suite à la stagnation urinaire
- Insuffisance rénale : Détérioration de la fonction rénale causée par l’obstruction prolongée
Évaluations préopératoires essentielles
Avant de confirmer l’indication d’une RTUP, plusieurs examens sont réalisés :
- Score IPSS (International Prostate Symptom Score) pour quantifier la sévérité des symptômes
- Débitmétrie urinaire pour mesurer objectivement l’obstruction
- Échographie vésico-prostatique avec mesure du résidu post-mictionnel
- Dosage du PSA (antigène spécifique de la prostate) pour écarter un cancer
- Bilan urodynamique dans certains cas complexes
La taille de la prostate joue également un rôle dans la décision : la RTUP est particulièrement adaptée pour les prostates de volume moyen (entre 30 et 80 grammes). Pour les prostates plus volumineuses, d’autres techniques comme l’adénomectomie par voie haute peuvent être préférées.
Suites post-opératoires et récupération après une RTUP
La période qui suit une résection transurétrale de la prostate requiert une attention particulière pour assurer une récupération optimale. Voici comment se déroule généralement cette phase :
Hospitalisation et soins immédiats
L’hospitalisation après une RTUP dure généralement entre 2 et 4 jours. Pendant cette période, le patient est équipé d’une sonde urinaire à double courant qui permet à la fois l’évacuation des urines et un lavage vésical continu. Ce système d’irrigation vise à éliminer les caillots sanguins et à maintenir les voies urinaires dégagées.
Les premiers jours sont marqués par la présence de sang dans les urines (hématurie), qui s’éclaircit progressivement. L’irrigation est généralement maintenue 24 à 48 heures, jusqu’à ce que les urines deviennent suffisamment claires.
Retrait de la sonde et retour à domicile
La sonde urinaire est généralement retirée lorsque les urines sont suffisamment claires, habituellement entre le 2ème et le 4ème jour post-opératoire. Après son retrait, une période d’observation est nécessaire pour s’assurer que le patient parvient à uriner normalement avant d’envisager le retour à domicile.
À la sortie de l’hôpital, plusieurs recommandations sont formulées :
- Boire abondamment (1,5 à 2 litres par jour) pour favoriser un bon drainage urinaire
- Éviter les efforts physiques importants pendant 3 à 4 semaines
- S’abstenir de conduire pendant 10 à 15 jours
- Reporter les rapports sexuels pendant 4 à 6 semaines
- Éviter la constipation qui pourrait augmenter la pression sur la zone opérée
Symptômes post-opératoires fréquents
Plusieurs symptômes peuvent apparaître durant la phase de récupération et sont généralement transitoires :
| Symptôme | Durée habituelle | Prise en charge |
|---|---|---|
| Besoins urgents d’uriner | 2 à 6 semaines | Médicaments anticholinergiques si nécessaire |
| Brûlures mictionnelles | 1 à 3 semaines | Hydratation abondante |
| Urines rosées ou présence de petits caillots | Jusqu’à 2-3 semaines | Surveillance, hydratation |
| Fuites urinaires légères | 3 à 8 semaines | Exercices de renforcement périnéal |
La récupération complète après une RTUP prend généralement 4 à 8 semaines, mais la cicatrisation interne peut se poursuivre pendant plusieurs mois. Pendant cette période, il n’est pas rare d’observer une amélioration progressive du débit urinaire et une diminution des symptômes irritatifs.
Signes nécessitant une consultation urgente
Certains symptômes doivent conduire à consulter rapidement un médecin :
- Impossibilité d’uriner (rétention urinaire)
- Saignements abondants ou présence de caillots volumineux
- Fièvre supérieure à 38°C pouvant indiquer une infection
- Douleurs intenses non soulagées par les antalgiques prescrits
Risques et complications possibles de la RTUP
Bien que la résection transurétrale de la prostate soit une intervention bien maîtrisée, elle n’est pas exempte de risques et de complications potentielles. Il est essentiel d’en être informé avant de se soumettre à cette procédure.
Complications peropératoires et immédiates
- Hémorragie : C’est la complication la plus fréquente, pouvant nécessiter dans 2 à 5% des cas une transfusion sanguine. Le risque est plus élevé chez les patients sous anticoagulants ou antiagrégants plaquettaires.
- Syndrome de résorption du liquide d’irrigation (ou TURP syndrome) : Complication rare (moins de 2% des cas) mais potentiellement grave, survenant lorsque le liquide d’irrigation est absorbé dans la circulation sanguine, causant des troubles hydroélectrolytiques.
- Perforation capsulaire ou vésicale : Survient dans environ 1% des interventions et peut nécessiter un drainage prolongé.
Complications post-opératoires précoces
- Infection urinaire : Survient dans 10 à 15% des cas et nécessite un traitement antibiotique adapté.
- Rétention urinaire temporaire : Peut survenir après le retrait de la sonde chez 5 à 10% des patients, nécessitant un nouveau sondage temporaire.
- Hématurie secondaire : Saignement survenant 7 à 15 jours après l’intervention lors de la chute des escarres, pouvant parfois nécessiter une réintervention (moins de 5% des cas).
Conséquences fonctionnelles à long terme
Certaines complications peuvent affecter la qualité de vie à plus long terme :
| Complication | Fréquence | Caractéristiques |
|---|---|---|
| Éjaculation rétrograde | 70-90% | Quasi-systématique, le sperme remonte dans la vessie au lieu d’être expulsé par l’urètre |
| Incontinence urinaire | 5-10% | Généralement transitoire, permanente dans moins de 1% des cas |
| Dysfonction érectile | 5-10% | Plus fréquente chez les patients ayant déjà des troubles préexistants |
| Sténose urétrale | 5-7% | Rétrécissement du canal urétral nécessitant parfois des dilatations |
| Sclérose du col vésical | 3-5% | Rétrécissement cicatriciel à la jonction vessie-prostate |
Risque de récidive à long terme
Malgré l’efficacité de la RTUP, environ 10 à 15% des patients nécessiteront une nouvelle intervention dans les 10 ans suivant la procédure initiale. Cette récidive est due à la repousse du tissu prostatique adénomateux, puisque la RTUP ne retire pas la totalité de la glande prostatique mais uniquement sa partie centrale obstructive.
Les facteurs augmentant le risque de récidive comprennent :
- Un volume prostatique important avant la première intervention
- Une résection incomplète lors de la première RTUP
- La poursuite du processus d’hyperplasie dans le tissu prostatique restant
- La présence d’une composante obstructive dynamique au niveau du col vésical
La RTUP reste une intervention efficace et éprouvée pour traiter les symptômes urinaires liés à l’hyperplasie bénigne de la prostate. Bien que comportant certains risques, les techniques modernes et l’expérience des urologues permettent aujourd’hui de les minimiser considérablement. Une bonne information préopératoire et un suivi attentif post-opératoire sont essentiels pour optimiser les résultats de cette intervention qui améliore significativement la qualité de vie de nombreux patients.
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